Un mois post-confinement où l’élan est de reprendre la route de la vie tout en sentant qu’il n’y a rien à précipiter….car la question est : qu’ai-je appris de ce confinement où j’ai été prise par « Ralentis ! » ?
Continuer de ralentir, de ne pas remplir pour remplir…oui, certes mais encore ?
Dans ce rien, dans ce « ne pas faire pour faire », qu’est-ce qui me nourrit donc, quels sont les élans de l’intérieur vers l’extérieur et non l’inverse ? Les élans où je me sens pleine de vie et non ceux qui font que ma vie, mon agenda est plein(e) ?
J’ai eu la chance de vivre 2 expériences durant ce mois de mai pour sentir cela vraiment.
Un stage d’écriture que je souhaitais réaliser depuis longtemps.
Un accompagnement en groupe sur un processus pranique sur 13 jours.
(Oui, c’était donc bien rempli ;-0!!…).
L’accompagnement pranique consistait à cesser toute nourriture solide pour passer au liquide et d’écouter si nous avions faim. Si oui, de quels jus de fruits ou légumes ou autre, d’être à l’écoute de ce que nous remplissions en buvant ces liquides.
J’ai pris conscience que je remplissais par peur du vide, de ne rien avoir à faire, d’être face à moi-même et de fait, j’étais plus facilement en prise directe avec mon angoisse tapie dans mes tripes. Celle qui me tient dans une agitation, un faire, un remplissage qui – très souvent – ne me provoque qu’insatisfaction, lassitude et tristesse plus ou moins conscientisée.
Ce besoin de remplir est aussi, et par voie de conséquence, très lié chez moi a un besoin de contrôler plutôt que de laisser le rien, le « je ne sais pas » s’installer pour créer un espace, un temps où l’élan de fond, l’inspiration peut prendre source et forme.
Pourtant, je me souvenais d’un jour où, en période de grande dépression, je m’étais levée dans l’idée d’aller en montagne…pour fuir mon mal être. Et je me suis obligée à rester dans mon lit tant que je ne sentirai pas un vrai élan…sans savoir ce que c’était. Puis j’ai eu l’idée de ranger ma salle de bain…mon mental n’a pas manqué de se moquer de cette idée…que j’ai néanmoins suivie sans conviction.
Je me souviens m’être retrouvée au sol, pleurant de joie, sentant que cette joie était liée au fait d’avoir écouté une vraie idée, une vraie inspiration, aussi saugrenue et anodine semblait-elle être !
Le fait de ne pas manger solide a mis mon corps au repos et au ralenti et j’ai pu également expérimenter une meilleure présence à l’instant, suivant des spontanéités qui m’ont amenée à vivre de jolies synchronicités, de très beaux partages et échanges, vrais, sincères, profonds, doux. J’ai pu voir comment la vie est simple, fluide et coule à travers moi si je n’interviens pas à outrance ou de manière purement et exclusivement volontariste.
J’ai aussi senti que je lâchais sur des modes de pensée, des croyances, peurs et que je revenais à quelque chose de plus essentiel, ou simplement dans ce fameux moment présent dont on parle tant.
J’ai pu apprécier les moments pour ce qu’il étaient, avec bien moins de bavardages mentaux et commentaires.
Dans la première semaine de ce processus, j’ai également réalisé ce stage d’écriture. J’ai ainsi compilé mes textes écrits de ci, de là et imaginer une mise en forme.
J’ai senti à l’écriture ou la lecture de certains de mes textes, à imaginer une forme à leur donner, comment je pouvais être nourrie de l’intérieur. Comme si mon espace intérieur grandissait, se goûtait, se dilatait et que je pouvais ainsi m’y installer plus confortablement, joyeusement, enlevant par là-même le besoin de remplir et de faire autre chose.
Je me sens en basculement entre mon ancien moi qui remplit, a peur du vide, se raconte mille et une choses sur l’organisation d’un quotidien et le « nouveau » moi, qui accepte de ne rien savoir, ne pas pas avoir encore d’élan clair, d’être comme en perte de repères. Je me réaligne régulièrement – ou aussi souvent que possible – dans la journée, lorsque des pensées plombantes ou anticipatrices m’arrivent. Je respire, reviens dans mon corps, regarde la beauté qui m’entoure et remercie pour tout ce qui est là. Je sens bien que c’est un switch nécessaire pour accompagner tout le renouveau de cette humanité, ou du moins être avec, a minima.
Je ne sais où nous allons avec ce monde en mutation, en profond changement. Mais je crois qu’il nous (me) est « demandé » d’expérimenter ce que c’est que d’Etre, de lâcher le faire pour le faire, d’oser le vide, le rien en écoutant un autre appel, et en quittant nos repères habituels.
J’expérimente que mon monde quotidien change lorsqu’en moi, ce que j’appelle le Vivant reprend le gouvernail. Et je constate que cela permet le champ des possibles, facilite des synchronicités, apporte une forme d’abondance où il n’est pas besoin de se battre, lutter, agir contre mais où tout se déroule selon un plan depuis longtemps établi à l’insu de notre plein gré…peut-être…qui sait ?
Au quotidien, tenter de repérer, discerner ce qui est mortifère de ce que met en joie, profondément. Discerner l’habitude de l’élan de vie.
Je me sens plus aguerrie aujourd’hui et je persiste dans l’écoute ce qui me met en joie et favorise mon rayonnement.
Où est ma joie, ma nourriture vivante ?
Si cette question pouvait guider notre quotidien, que cela changerait-il pour chacun de nous ? entre nous tous ?
De plus en plus souvent je ne suis plus alignée avec l’idée que seul ce que je fais serait intéressant pour l’autre … Comme si j’aspirais à ce que ma présence, seule, dévêtue de tout acte, soit une nourriture pour l’autre. Et j’imagine qu’il en est de même pour d’autres que moi. Je crois de plus en plus que la société nous formate et nous leurre dans notre identité. Comme si on n’était plus rien ni personne quand on ne fait pas. Un grand OUI pour quitter nos repères habituels et d’oser le vide.